Sikhisme et chants Qawalli : entre traditions guerrières et spiritualité
Le 17 juin 2010 annonçait, sous l’égide du Festival des musiques d’Inde du nord à la Cité de la musique, le passage des ensembles Sewak Dhadi Jatha, du district de Sangrur (état du Penjab) pour la partie Sikh, et l’ensemble Nizami Bandhu pour les chants soufis qawwâli, genre musical populaire exprimé tant en Inde qu’au Pakistan.
SIKHISME
La musique sikhe interprétée par l’ensemble Sewak Dhadi Jatha pourrait être rangée parmi un genre folklorique qu’affectionnerait un public non averti, confortablement installé au fond d’un fauteuil moelleux, et pourtant, il n’en est rien. « Lorsque tous les autres recours ont été épuisés, alors il est parfaitement juste de tirer l’épée » (Guru Gobind Singh, 1667-1708, dernier des dix gurus du sikhisme).
Le sikhisme, religion monothéiste apparue en Inde du nord (en fait près de Lahore dans l’actuel Pakistan) au XVème siècle et fondée par Guru Nanak (1469-1539), mystique indien lui-même issu d’une famille hindoue mais préférant laisser choir la diversité des divinités idolâtrées par ses parents pour l’unicité de Dieu.
Les chants sikhs sont basés sur la récitation du livre saint « Guru Granth Sahib » datant de 1604. On appelle ces chants des Kirtans (kirtana en sanskrit signifiant répéter), ils peuvent être dévotionnels ou épiques narrant la bravoure des guerriers comme l’ont interprété les musiciens (deux hommes et deux femmes) de Sewak Dhadi Jatha.
CHANTS QAWALLI
Pour la dévotion à Dieu, Allah en l’occurrence, l’ensemble Nizami Bandhu était également présent afin de transmettre au public de la Cité de la musique, les non moins fameux chants qawwâli, de qawwâl qui tirent leur origine de l’arabe qaul (parole) trouvant leur source dans la poésie indienne soufie du XIVème siècle. Ils ont été révélés au grand public par le regretté Nusrat Fateh Ali Khan (1948-1997), un des premiers chanteurs d’Asie à connaître la notoriété en Occident.
Le qawwâli peut aussi prendre un autre aspect, celui de la célébration du vin et de l’amour de la femme, on le nomme ghazal, d’inspiration iranienne, s’appuyant sur un système de modulation spécifique de la musique arabe, le maqâm, et celui d’origine indienne. Il devient alors profane. Le chanteur Mehdi Hassan en est aujourd’hui, l’une des figures emblématiques.
par Jean-Eric Mandengue