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Mamady Keïta : Djembé mandingue, djembé de paix

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Mamady Keïta : Djembé mandingue, djembé de paix

Concert de Mamady Keita et Guem au Bataclan - Paris - crédit Danyel Maunoury

SYNCOPE N °4 Septembre 2004

Mamady Keïta est djembéfola, maître djembé. De sa Guinée natale au monde entier, il est devenu l’ambassadeur de ce tambour issu de la tradition mandingue. On lui doit en grande partie la douce “djembéfolie” qui touche tous les continents.

Mamady comment devient-on djembéfola ?

Mamady Keïta : Tu peux être doué, né pour être jembefola, cela ne suffit pas. Tu as besoin d’être initié. J’ai dû apprendre l’histoire du jembe, la tradition qu’il sert, les rythmes traditionnels. J’ai été initié à l’esprit du jembefola, au cercle du jembefola. Il faut aussi connaître les plantes, bonnes et mauvaises… Ceux qui ne connaissent pas ce tambour diront que c’est un instrument pour faire du bruit, ce n’est pas cela! Le jembe est un instrument qui parle comme vous et moi. Avant de commencer à jouer des toniques, des claqués et des basses, il faut connaître l’esprit et la valeur du jembe dans la société. Taper, c’est juste de la technique, c’est rien.

Tu peux être doué, né pour être jembefola, cela ne suffit pas. Tu as besoin d’être initié.

Mamady Keïta
Mamady Keïta est djembéfola, maîtredjembé. De sa Guinée natale au monde entier, il est devenu l’ambassadeur de ce tambour issu de la tradition mandingue. On lui doit en grande partie la douce “djembéfolie” qui touche tous les continents. Mamady comment devient-on djembéfola ? Mamady Keïta : Tu peux être doué, né pour être jembefola, cela ne suffit pas. Tu as besoin d’être initié. J’ai dû apprendre l’histoire du jembe, la tradition qu’il sert, les rythmes traditionnels. J’ai été initié à l’esprit du jembefola, au cercle du jembefola. Il faut aussi connaître les plantes, bonnes et mauvaises… Ceux qui ne connaissent pas ce tambour diront que c’est un instrument pour faire du bruit, ce n’est pas cela! Le jembe est un instrument qui parle comme vous et moi. Avant de commencer à jouer des toniques, des claqués et des basses, il faut connaître l’esprit et la valeur du jembe dans la société. Taper, c’est juste de la technique, c’est rien. Quelle est la bonne attitude pour apprendre ? M .K . : La patience… Pendant 7 ans j’ai été accompagnateur, maintenant je maîtrise tout ce que je fais. Je suis fier de ma patience car sans elle, tu rates tout. Aujourd’hui il n’y a plus de patience mais la différence est visible entre celui qui, depuis quarante ans, joue du jembe, et celui qui commence. Un maître n’autorisera jamais celui qui apprend depuis deux ans à faire un solo. Il faut travailler, apprendre les rythmes de base par cœur. Face à la modernité, comment se porte la tradition d’où est issue le djembé ? M . K . : Elle est forte dans les villages, en revanche dans la capitale [Konakry] c’est autre chose. Les jeunes qu’on y entend jouent bien, fort, rapide, ils ont beaucoup de technique. Mais c’est à la manière du ballet. Dans la tradition, tu ne joues pas du jembe pour jouer du jembe, tu ne joues pas pour l’argent. Tu es appelé pour les fêtes qui, elles, ont une histoire et sont liées à une situation. Les rythmes exécutés correspondent à tout cela. Par exemple, ceux de la fête qui marque la fin du Ramadan ne sont pas joués lors des cérémonies du mariage, ceux du baptême ne peuvent pas accompagner les cultivateurs…. Le ballet lui, transforme les rythmes traditionnels, et en crée de nouveaux, pour les besoins du spectacle. Et l’avenir ? M . K . : J’espère que la tradition ne va pas disparaître. L’homme est né pour mourir un jour mais il ne faut jamais accepter que l’Histoire meurt. On peut être moderne, on peut créer mais il ne faut jamais oublier “sa” racine. Tant qu’il y aura des mariages, des événements, on fera toujours venir les joueurs de jembe. On chantera toujours des chants que l’on chante depuis des siècles car ce sont les mêmes situations qui se reproduisent. La tradition est liée à nous. Tu peux la perdre mais dire que tu n’en as jamais eu, c’est faux ! Que pensez-vous de la popularité du djembé en Europe et ailleurs ? M . K . : Cela me fait plaisir que le jembe ait pris une place extraordinaire sur la planète. C’est la valorisation de la culture mandingue et de la culture africaine en général. Ce sont des gens ouverts qui viennent à nous. Je constate qu’il y a ceux pour qui c’est une mode. Ils s’en servent pour se réchauffer, transpirer et faire du bruit. La tradition ne les intéresse pas. Et puis il y a ceux qui jouent afin de connaître la culture Mandingue et le Mandingue. Ils l’utilisent aussi comme instrument de musique. Votre djembé parle, que dit-il ? M . K . : Mon jembe dit deux choses à ceux qui viennent nous écouter : Respect de la tradition et Paix. Sur cette planète, nous devons nous entendre. Laissons les politiciens tracer des frontières, nous les peuples, enlevons celles de nos cœurs. Nous sommes des êtres humains et nous pouvons danser, chanter, manger, marcher ensemble. On peut vivre ensemble… Propos recueillis par Stéphane Delphin photos Danyel Maunoury Voir “Djembefola” Documentaire français et guinéen, réalisé en 1991 par Laurent Chevallier. Le film suit Mamady Keïta de retour dans son village natal qu'il a quitté 26 ans auparavant. Ecouter : “Djembe Master” 2004 Follow Me Records, est son dernier CD. Sa discographie comprend 8 albums. A ses stagiaires, Mamady Keïta dit qu’il y a quatre choses que l’on doit absolument connaître lorsque l’on joue un rythme : 1/ son nom 2/ la région dont il est issu 3/ l’ethnie à laquelle il appartient 4/ l’occasion à laquelle il est joué ? Propos recueillis auprès d'Odilon, joueur de jembe dans le groupe réunionnais Salem Tradition.
Mamady Keïta : Djembé mandingue, djembé de paix
crédit photo : Daniel Maunoury

Quelle est la bonne attitude pour apprendre ?

Mamady Keïta : Djembé mandingue, djembé de paix
Mamady Keïta : Djembé mandingue, djembé de paix

M .K . : La patience… Pendant 7 ans j’ai été accompagnateur, maintenant je maîtrise tout ce que je fais. Je suis fier de ma patience car sans elle, tu rates tout. Aujourd’hui il n’y a plus de patience mais la différence est visible entre celui qui, depuis quarante ans, joue du jembe, et celui qui commence. Un maître n’autorisera jamais celui qui apprend depuis deux ans à faire un solo. Il faut travailler, apprendre les rythmes de base par cœur. Face à la modernité, comment se porte la tradition d’où est issue le djembé ?

M . K . : Elle est forte dans les villages, en revanche dans la capitale [Konakry] c’est autre chose. Les jeunes qu’on y entend jouent bien, fort, rapide, ils ont beaucoup de technique. Mais c’est à la manière du ballet. Dans la tradition, tu ne joues pas du jembe pour jouer du jembe, tu ne joues pas pour l’argent. Tu es appelé pour les fêtes qui, elles, ont une histoire et sont liées à une situation. Les rythmes exécutés correspondent à tout cela. Par exemple, ceux de la fête qui marque la fin du Ramadan ne sont pas joués lors des cérémonies du mariage, ceux du baptême ne peuvent pas accompagner les cultivateurs…. Le ballet lui, transforme les rythmes traditionnels, et en crée de nouveaux, pour les besoins du spectacle.

Et l’avenir ?

Mamady Keïta : Djembé mandingue, djembé de paix
Mamady Keïta : Djembé mandingue, djembé de paix

M . K . : J’espère que la tradition ne va pas disparaître. L’homme est né pour mourir un jour mais il ne faut jamais accepter que l’Histoire meurt. On peut être moderne, on peut créer mais il ne faut jamais oublier “sa” racine. Tant qu’il y aura des mariages, des événements, on fera toujours venir les joueurs de jembe. On chantera toujours des chants que l’on chante depuis des siècles car ce sont les mêmes situations qui se reproduisent. La tradition est liée à nous. Tu peux la perdre mais dire que tu n’en as jamais eu, c’est faux !

Mon jembe dit deux choses à ceux qui viennent nous écouter : respect de la tradition et paix.

Mamady Keïta

Comment vivez-vous la popularité du djembé en Europe et ailleurs ?

M . K . : Cela me fait plaisir que le jembe ait pris une place extraordinaire sur la planète. C’est la valorisation de la culture mandingue et de la culture africaine en général. Ce sont des gens ouverts qui viennent à nous. Je constate qu’il y a ceux pour qui c’est une mode. Ils s’en servent pour se réchauffer, transpirer et faire du bruit. La tradition ne les intéresse pas. Et puis il y a ceux qui jouent afin de connaître la culture Mandingue et le Mandingue. Ils l’utilisent aussi comme instrument de musique.

Votre djembé parle mais que dit-il ?

M . K . : Mon jembe dit deux choses à ceux qui viennent nous écouter : respect de la tradition et Paix. Sur cette planète, nous devons nous entendre. Laissons les politiciens tracer des frontières, nous les peuples, enlevons celles de nos cœurs. Nous sommes des êtres humains et nous pouvons danser, chanter, manger, marcher ensemble. On peut vivre ensemble…

A ses stagiaires, Mamady Keïta dit qu’il y a quatre choses que l’on doit absolument connaître lorsque l’on joue un rythme :
1/ son nom
2/ la région dont il est issu
3/ l’ethnie à laquelle il appartient
4/ l’occasion à laquelle il est joué ?

Odilon, joueur de jembe dans le groupe réunionnais Salem Tradition.

Propos recueillis par Stéphane Delphin
photos Danyel Maunoury

Voir “Djembefola” Documentaire français et guinéen, réalisé en 1991 par Laurent Chevallier. Le film suit Mamady Keïta de retour dans son village natal qu’il a quitté 26 ans auparavant.
Ecouter : “Djembe Master” 2004 Follow Me Records, est son dernier CD. Sa discographie comprend 8 albums. 

 

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